Dans le même temps, la nourriture issue de la mer est essentielle à la survie de plus de trois milliards de personnes, un chiffre qui risque de s’accroître dans l’avenir avec l’explosion démographique programmée.
Au niveau local, la solution consiste généralement à établir des zones de pêches tournantes – des « jachères marines » -, qui permettent aux populations de poissons de se reconstituer. Ce sont souvent les pêcheurs locaux qui ont la meilleure connaissance de la ressource qui les fait vivre, que ce soit en Méditerranée ou dans les archipels tropicaux les plus isolés. À l’échelle des flottes industrielles, seules des règlementations drastiques peuvent permettre de gérer les ressources vivantes sans les épuiser.
Certains pays mènent des initiatives de gestion globale de leurs ressources marines : c’est le cas par exemple du Maroc, avec la Ceinture bleue, lancée à la COP22, et portée par l’Institut National de Recherche Halieutique (INRH). Il s’agit de mettre en place un ensemble de solutions concrètes, une feuille de route qui cherche à la fois à s’adapter au changement climatique, mais qui contribue aussi à atténuer ses effets. Cette initiative se définit comme un cadre fédérateur favorable à l’émergence d’une économie halieutique sobre en carbone et à faible empreinte écologique sur les écosystèmes marins et côtiers.
La consommation durable et la pêche responsable centrée sur des espèces abondantes, et dont les stocks parviennent à se renouveler, sont de plus en plus au cœur des enjeux actuels. Plusieurs ONG orientent aujourd’hui les consommateurs vers les espèces à privilégier. Mais il faut explorer d’autres pistes. L’aquaculture traditionnelle, longtemps présentée comme la solution la plus adaptée à un complément de la pêche, a depuis montré ses limites : les espèces étant nourries à partir de farines de poissons, elles contribuent aussi à peser sur la ressource. Elles sont également sources de rejets de polluants dans le milieu naturel.
Parmi les solutions qui semblent les plus prometteuses, on peut citer :
› la multiplication des récifs artificiels dans des zones côtières de nurseries, qui permettent à davantage de juvéniles d’espèces commerciales de parvenir à l’âge adulte ;
› le développement d’une aquaculture nouvelle, qui consiste à utiliser les déchets d’une espèce pour en nourrir d’autres, en recréant un cercle naturel et vertueux, tout en minimisant les apports extérieurs ;
› le remplacement de la farine de poisson par des insectes dans les fermes aquacoles classiques.
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AMTIProgramme de recherche
L’aquaculture multitrophique intégrée (AMTI), expérimentée à l’Institut, cherche à associer plusieurs espèces dans une même ferme aquacole à terre pour que les déchets produits par les uns nourrissent les autres. En imitant l’écosystème naturel, on peut créer un modèle circulaire d’élevage.
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NAIADE, Nouvel aliment innovant pour une aquaculture durable et environnementaleProgramme de recherche
L’aquaculture traditionnelle nourrit les animaux avec de la farine de poissons sauvages. Cet engraissement à base de petits poissons fourrages : sardines, anchois, maquereaux…, exerce une forte pression sur les stocks halieutiques. L’objectif principal du projet NAIADE, mené dans le cadre du FEAMP (financement Région Sud/Europe), est donc de développer un nouvel aliment à base de protéines d’insectes.