Une nouvelle réglementation pour le mouillage des bateaux de plaisance, dont le cadre général avait été fixé par la préfecture maritime en juin 2019, entre en vigueur en septembre. Son but : préserver les herbiers de posidonie.
En dix ans, on estime que le nombre de mouillages a augmenté de 450 % pour les navires mesurant entre 24 et 45 mètres. Or, les ancres de ces bateaux occasionnent des dommages irreversibles sur la posidonie. « Après une importante phase de concertation afin de définir les zones de mouillages concernées dans chaque territoire de la mer, des commissions locales sont en cours, précise le commissaire général Thierry Duchesne, adjoint du préfet maritime de la Méditerranée, et déboucheront à l’automne sur une quarantaine d’arrêtés locaux spécifiant les zones autorisées au mouillage et celles qui ne le sont plus, sachant que tout le littoral méditerranéen a vocation à être couvert. » Le but est de parvenir à concilier plaisance et sauvegarde de l’environnement : la posidonie est une espèce protégée depuis 1988, et les herbiers assurent de nombreuses fonctionnalités : rôle de nurserie pour une multitude d’espèces, oxygénation des fonds marins, lutte contre l’érosion,…
Privilégier l’aménagement de zones de mouillage sur bouées
Si les grosses unités sont particulièrement concernées, le dispositif doit aussi englober les petits bateaux et la mise en place de zones de mouillage sur bouées, pour les bateaux de moins de trente mètres, est un élément important des mesures de préservation. Plusieurs communes sont déjà équipées, Le Rayol-Canadel, le Lavandou, Sanary-sur-Mer, Port-Cros. Un projet est également en cours à La Ciotat. A titre d’exemple, dans la passe de Bagaud, située dans le Parc national de Port-Cros, le mouillage avait jusqu’à présent un impact très important sur les espèces benthiques (non mobiles) et les herbiers de posidonie, et est donc désormais interdit toute l’année sur une zone de 176 hectares. 68 bouées d’amarrage ont été installées au printemps, une bonne partie étant réservée aux navires de moins de dix mètres, et sont mises à disposition jusqu’au 15 octobre. Un protocole de suivi sur 15 ans est en outre programmé pour analyser les effets sur l’écosystème et l’impact sur le redéploiement du mouillage autour des îles d’Or.
Mieux informer les plaisanciers
Une fois encore, la sensibilisation et l’information doivent elles aussi être au cœur du dispositif, qu’il s’agisse de grosses unités ou de navires plus modestes. La diffusion de l’application Donia (site de l’application), lancée en 2013 en collaboration avec l’Agence de l’eau, développée et gérée par Andromède Océanologie sera ainsi une priorité. Elle permet à tout plaisancier de localiser son bateau avant le mouillage afin d’éviter de jeter l’ancre sur des herbiers de posidonie et bénéficie de nombreuses fonctionnalités : alarmes en cas de dérapage, outil communautaire de renseignements sur l’état des fonds marins, cartes à l’échelle de toute la Méditerranée française… Gratuite, elle améliore les comportements : 70 % de ses utilisateurs privilégient des zones de mouillage sans herbiers.
Source : Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse