Les chercheurs de l’Institut effectuaient il y a quelques mois une mission de recensement des grandes nacres dans l’étang littoral de Diana ; la population observée depuis 1990 reste en bonne santé !
Classée depuis la fin de l’année par l’UICN sur la liste des espèces en danger critique d’extinction, suite à l’épizootie qui touche depuis 3 ans tout le pourtour méditerranéen, les espoirs de survie de la grande nacre semblent bien se concentrer sur les milieux lagunaires et les étangs littoraux.
Des lieux où le mollusque bivalve résiste à l’épizootie
Lagunes et étangs littoraux, notamment au voisinage des grands fleuves comme le Rhône ou l’Ebre, apparaissent de plus en plus, au gré des observations, comme des poches de résistance où l’espèce se maintient en bonne santé : c’est le cas par exemple de l’étang de Thau sur la côte languedocienne, d’El Mar Menor en Espagne, ou en certains secteurs des Bouches de Kotor au Monténégro. En Corse, où la mortalité est presque totale, jusque dans la réserve de Scandola, il était donc important de savoir si les étangs littoraux pouvaient eux aussi servir de refuge à l’espèce. Le Pr Nardo Vicente, le Dr Sylvain Couvray et le Dr Rémy Simide ont donc effectué une mission de recensement dans l’étang littoral de Diana, sur la côte Est de l’Île, un site où les populations avaient déjà été étudiées en 1990.
Dans l’étang, une population dense et en bonne santé
Et les observations menées cette année le long des rives de l’étang révèlent une population dense et en bonne santé. Les densités sont de l’ordre de deux à trois individus au mètre carré, du même ordre de grandeur que celles relevées en 1990. Et parmi les nacres présentes, les chercheurs n’ont décelé aucun signe de mortalité suspecte et récente, ce qui renforce une nouvelle fois l’hypothèse de l’existence de foyers de résistance dans les étangs littoraux. « Il apparaît donc important, estiment les membres de la mission, d’amplifier les efforts d’investigation sur ces zones. En effet, la survie de ces individus est indispensable à la potentielle mise en place dans un avenir plus ou moins proche, de programmes de repeuplement ou de réensemencement naturel par la dispersion du flux larvaire en mer. »
Définir s’il s’agit d’un recrutement local ou d’origine marine
Reste à définir l’origine des larves qui maintiennent le dynamisme de cette population : « pour l’instant, conclut Nardo Vicente, on ne sait pas si l’apport en larves est d’origine marine, pouvant arriver par le grau, ou si le recrutement est local. » Un suivi régulier au cours du temps, une nouvelle étude hydrodynamique des captages larvaires in situ et une étude génétique des populations pourraient permettre de comprendre l’installation dans l’étang de Diana de populations aussi importantes de Pinna nobilis épargnées par l’épizootie.
Retrouvez la publication complète sur le site de Marine Life :
Présence de Pinna nobilis (L.1758) dans l’étang littoral de Diana (Corse). Rémy Simide 1, Sylvain Couvray 1, Nardo Vicente 1,2
1 – Institut océanographique Paul Ricard, île des Embiez, F 83140 Six-Fours-les-Plages
2 – Institut Méditerranéen de Biodiversité et d’Écologie marine et continentale (IMBE), Aix-Marseille Université, CNRS, IRD, Avignon Univ.
Image IOPR : nacre juvénile dans un herbier de zostères.