Le Pr Patrice Francour s’est éteint. Nous rendons hommage au chercheur, mais aussi à l’ami qu’il était.
« Comme tous ceux qui ont connu Patrice je suis très affecté par sa disparition prématurée.
Le sort s’est acharné sur lui ! Dans les année 80 il avait échappé à la mort lors d’une mission en Mauritanie où l’un de mes étudiants, qui se consacrait à la sauvegarde du Phoque moine, accomplissait une mission avec lui et trois autres collègues. Ils sautèrent sur une mine du Polisario et Patrice fut le seul survivant !
Ma première rencontre avec lui eut lieu à l’hôpital à Marseille où il se remettait d’une profonde blessure.
Notre Amitié date de cette époque !
Avec courage, il avait surmonté cette épreuve, et accompli un parcours scientifique exemplaire, devenant l’un de nos meilleurs chercheur dans le domaine des sciences de la mer.
Il était apprécié de tous, pas uniquement pour son érudition et ses compétences, mais aussi pour ses qualités humaines, pour sa gentillesse et sa bonhomie.
C’était un immense bonheur de se retrouver lors de missions communes à la Réserve Naturelle de Scandola ou dans celle du larvotto à Monaco.
Lui, si jeune et si dynamique, nous est enlevé par cette sale maladie. Il a livré un combat avec dignité contre elle, mais cette fois il n’a pas eu le dessus ! C’est trop injuste !
Tous ceux qui l’ont connu et côtoyé ne l’oublieront jamais !
En cet instant mes pensées vont aussi vers Jacqueline que j’embrasse affectueusement. Elle saura nous rassembler afin de poursuivre son oeuvre!
Il me manque terriblement, comme il va manquer à toute la communauté des amoureux de notre chère Méditerranée. »
Nardo VICENTE
Professeur émérite à Aix-Marseille Université (IMBE)
Responsable Scientifique de l’Institut Océanographique Paul Ricard
Au centre, Patrice Francour, entouré notamment de Jean-Luc Bonnefont, Yvan Martin, Nardo Vicente, lors de la soutenance de thèse de Sylvain Couvray qui se tient à sa droite.
Co-directeur de l’UMR 7035 ECOSEAS (CNRS – Université Nice Sophia Antipolis), le Pr Francour entretenait des liens étroits avec l’Institut océanographique Paul Ricard, notamment en tant que membre du Conseil d’Administration du GEM, le Groupe d’Etude du Mérou qu’il avait rejoint peu après sa création. En 2007, c’est lui qui organisait le Deuxième Symposium consacré à l’espèce emblématique, à Nice. Depuis 2005, il faisait également partie du comité de rédaction de la revue Marine Life. Il était membre du jury lors de la soutenance de thèse du docteur Sylvain Couvray en 2014, consacrée aux peuplements d’oursins.
Ses principaux sujets de recherche, menés en Méditerranée, concernaient les populations de poissons des zones rocheuses, des récifs artificiels et des herbiers de posidonie, particulièrement dans les aires marines protégées. Il était à ce titre membre de nombreux comités scientifiques, comme celui de la Réserve naturelle de Scandola de 1990 à 2015, ou celui des réserves marines de Monaco dont il était président depuis 2016.
Il avait notamment développé des méthodes nouvelles de suivi in situ des peuplements
de poissons et des indicateurs de qualité écologique et mis en lumière la présence de plusieurs espèces nouvelles pour la France ou la Méditerranée, et d’espèces non indigènes en Méditerranée occidentale.
Il apportait également son expertise à de nombreux programmes internationaux, par exemple auprès de l’UICN.
Image en ouverture :
Patrice Francour lors du cinquantième anniversaire de l’Institut (©Magali Mak Photos).