Contexte
Les efforts réalisés au cours des vingt dernières années pour réduire les pollutions urbaines ont permis d’améliorer la qualité des eaux de notre littoral. Mais certains habitats, avant la mise en service de stations d’épuration performantes, ont été largement dégradés, et le traitement des eaux usées est encore loin d’être une réalité sur la totalité du pourtour méditerranéen. Il est donc judicieux d’évaluer la possibilité de restaurer dans l’avenir les zones les plus touchées.
Programme
Exemplaire et précurseur à sa mise en service en 1997, la station d’épuration des eaux usées Amphitria, au cap Sicié (Toulon), est l’une des usines de dépollution des eaux usées urbaines les plus performantes de Méditerranée. Elle traite les rejets de 350 000 habitants de l’agglomération toulonnaise. Mais certains habitats, fortement dégradés avant sa mise en service, limitent aujourd’hui la qualité écologique du milieu marin côtier.
Le projet REMORA s’inscrit donc dans cet enjeu de reconquête des milieux. Son but est d’évaluer la faisabilité technique et opérationnelle d’une action de restauration grandeur nature. Après un an de préparatifs techniques et administratifs avec les services locaux et les autorités de la DDTM du Var et de la DREAL, les 36 modules de récifs ont été immergés au premier trimestre 2015. Le projet est maintenant entré dans sa phase active de suivi scientifique sur cinq ans.
Le programme REMORA va permettre d’apprécier toute la pertinence d’engager au terme de l’expérimentation une opération de restauration proprement dite.
Phase 1
Avant la mise en place des récifs, une première mission a été menée afin d’évaluer les populations de poissons présentes sur les deux sites prévus pour l’implantation (récif principal, au droit du rejet, et récif témoin) et sur deux autres sites à proximité de la côte, en bordure est et ouest de la baie.
Le protocole utilisé est celui des relevés visuels en plongée le long de transects. Au sein de chacun d’entre eux, tous les poissons visibles ont été comptés. En complément, les scientifiques ont également réalisé une estimation des pourcentages de couverture par les principaux habitats (herbier de posidonie, blocs, roches, sable…), ainsi que la macrofaune benthique (échinodermes, mollusques, crustacés…).
Phase 2
Suivi ichtyologique : le peuplement de poissons est échantillonné une fois par an (automne) par recensement visuel de toutes les espèces observables en plongée sous-marine. Les paramètres biologiques relevés, nombre et taille, permettront d’évaluer la richesse spécifique, la densité et la biomasse du peuplement en poissons sur chaque site et son évolution au cours du temps.
Suivi de la colonisation benthique : les campagnes d’échantillonnage seront calquées sur celles des recensements ichtyologiques. Deux méthodes, également non destructives, seront utilisées : inventaire in situ des gros invertébrés sur l’ensemble des deux récifs et échantillonnage par photos quadrats des différents modules composant les récifs.
Au-delà de ces inventaires, l’objectif du programme est d’apprécier la possible restauration de fonctions écologiques (protection, habitat, nutrition, nurserie, reproduction) dans un milieu dégradé.
Phase 3
Dans le cadre de ce programme, il s’agit aussi d’estimer l’impact éventuel des structures implantées sur l’herbier présent. Pour cela on s’intéressera uniquement à la limite de l’herbier selon les quatre points cardinaux afin d’évaluer son évolution après marquage par des balises de géomètre de type borne « Faynot polyroc ». Les séries de photographies réalisées le long des balisages constituent des preuves visuelles de l’évolution de la dynamique de l’herbier (régression, stabilité ou progression) situé de part et d’autre de chaque balise.
Date de modification : 19 janvier 2022
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